Cette année 2020, plusieurs services de L’EPH Thenia dans la wilaya de Boumerdès, des services de santé publique gérés par des praticiens spécialistes de la santé publique ( PSSP) depuis toujours , ont vu leurs postes supérieurs de chefferie de service ouverts au concours de chefferie de service hospitalo-universitaire sans crier gare et sans un mot envers les praticiens spécialistes occupant ces postes supérieurs.
Des praticiens hospitalo-universitaires ont été ainsi pris possession de ces services, murs et personnels, avec comme seul encadrement universitaire leur propre personne, et leurs prédécesseurs révoqués de leurs poste supérieur sans ménagement.
Pourtant Boumerdès ne dispose pas d’une faculté de médecine, et cette initiative ne semble pas avoir d’autre motivation que d’offrir une projection professionnelle aux heureux lauréats de ce concours.
Ce mois de février, les PSSP de Mostaganem ont eu vent tout à fait par hasard d’une correspondance ministérielle faisant état d’un projet de fusionner les deux hôpitaux du chef lieu de la wilaya, dont un nouvel établissement nouvellement réceptionné et encore inoccupé, pour en faire le nouveau CHU de Mostaganem. Les 3 professeurs et la douzaine de maitre-assistants que compte la wilaya pourra ainsi compter sur la centaine de PSSP déjà sur place pour faire fonctionner « leur » nouvelle structure et encadrer leurs résidents. Bien entendu, ces PSSP, statut du CHU oblige, n’auront en contrepartie pas d’autre droit ni d’avantage pour le déroulement de leur carrière que de toucher leur salaire de santé publique.
Ce qui est révoltant dans ce nouvel épisode du genre (déjà vécu entre autre à Bejaia , Béchar, et plusieurs autres wilayas) est que les concernés n’ont été a aucun moment concertés ni associés dans une décision qui impacte directement leur avenir professionnel. De la part de leur employeur qui est le Ministère de la santé, dont ils sont les personnels les plus qualifiés (nous le rappelons, les PHU sont des employés de l’enseignement supérieur), c’est inacceptable. Cela porte un nom : le mépris.
Le SNPSSP a de tout temps revendiqué une carte sanitaire qui prenne en compte les besoins réels en formation ainsi que les besoins en soin, en tenant compte des spécificités et des missions de chaque type d’établissement. Qu’il y’ait des CHU soit, mais avec leurs missions de CHU, et leurs encadrement universitaire. Mais qu’à côté existe l’hôpital général de santé publique, lui aussi avec ses missions propres et ses personnels. Que les premiers se substituent aux seconds en changeant juste le nom et les chefs de services est une supercherie, de même que faire croire à la population qu’ils auront de meilleurs soins spécialisés s’ils sont assurés par des médecins-résidents sous-encadrés.
Or l’argument du besoin de formation brandi par le ministère est battu en brèche, puisque le principe le que les services de santé publique puissent servir de terrain de formation sans toucher à leur statut est consacré par un texte réglementaire (arrêté ministériel N°62 du 17 mars 2014 Définissant les missions et activités des services médicaux de santé publique dans les EPH et EHS ). Mais dans cette histoire, tout le monde sait que la formation n’est qu’un simple alibi.
Le SNPSSP s’est ainsi toujours opposé à toutes les transformations abusives d’établissements de santé publique faites au détriment des PSSP parfois de façon contraire à la réglementation, à l’exemple de la vaste opération qui en août 2013 a projeté de transformer la quasi-totalité des établissements du pays en CHU. Il continuera à le faire, jusqu’au jour où nous pourrons enfin avoir une vraie politique de santé.
Dans cette lutte ardue, la mobilisation des PSSP sera le principal atout.