Vous avez pu voir l’annonce faite par le Ministère de la Santé a annoncé ce 11 février passé que près de 65 000 professionnels de la santé tous corps confondus, allaient bénéficier d’un avancement dans le grade en 2021 , comme mesure spéciale du Gouvernement, accordée dans la foulée des mesures d’encouragement dans le contexte de la pandémie d’une part, et en raison du retard accusé dans la pris en charge des revendications de ces personnels d’autre part.
Voilà qui est bien.
Néanmoins, il est quelque peu paradoxal de présenter comme une grande faveur des pouvoirs publics l’organisation avec plusieurs années de retard de concours de passage de grades (car il s’agit bien de concours) déjà inscrits dans les statuts particuliers et sensés se dérouler régulièrement, pour ne pas dire chaque année budgétaire.
A ce propos, certaines précisions s’imposent :
Le SNPSSP est le premier syndicat à avoir appelé à l’organisation des concours de gradation, depuis sa création en 1993. Ce fût un long et dur combat, qui a abouti dans les textes en 2002, et dans la pratique seulement en 2013 ! L’expérience montre en effet que lorsqu’il s’agit de promouvoir les personnels dont il a la charge, le MSPRH fait preuve d’une inertie incroyable. Plus particulièrement lorsqu’il s’agit du corps le plus qualifié du secteur : les praticiens spécialistes de la santé publique (PSSP). Et cela date de bien avant la pandémie actuelle.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, l’historique est relaté ici : CONCOURS DE GRADATION ET CARRIÈRE DE SANTE PUBLIQUE
Par la suite, d’autres corps ont réclamé eux aussi des concours, prenant exemple sur le SNPSSP, ce que le ministère de la Santé accorda pour faire bonne mesure, et c’est tant mieux pour les corps de la santé qui méritent tous reconsidération et revalorisation.
Concernant l’organisation concrète de ces concours, le SNPSSP revendique depuis 2013 le principe d’une transformation automatique des postes budgétaires. Cette procédure permet de dégager un nombre de postes budgétaires suffisant pour les plus de 70 spécialités que compte le corps des praticiens spécialistes de la santé publique . Sans cette disposition, l’on se retrouverait dans la situation d’un nombre ridicule de postes ouverts par établissement, pour lesquels vont concourir toutes les spécialités présentes (ce qui avait été proposé pour les derniers concours tenus en 2019, et que le syndicat avait refusé jusqu’à l’obtention de cette dérogation).
Pour information, cette dérogation pour la transformation des postes budgétaires est accordée par la fonction publique pour les concours de l’enseignement supérieur, et renouvelée tous les 3 ans.
Le SNPSSP demande de bénéficier de cette disposition au même titre que les praticiens hospitalo-universitaires, pour une durée de 3 ans, sur la base d’articles du statut général de la fonction publique établissant un parallèle entre les deux corps. Cela a demandé énormément de persévérance, plusieurs mois de lobbying et de revendication, au cours desquels le syndicat a choisi de ne pas faire dans la médiatisation outrancière.
C’est sur cette base que le SNPSSP a revendiqué devant le MSPRH et a plaidé devant la fonction publique, laquelle a donné son accord de principe, charge au MSPRH d’introduire les démarches nécessaires.
Après plusieurs mois d’inaction du MSPRH, le SNPSSP a saisi le Premier Ministère il y’a presque une année, où il a été entendu, et des assurances données pour la prise en charge de ce dossier, charge au MSPRH de se rapprocher des services du Premier Ministère pour concrétiser. Le MSPRH en a été informé en réunion officielle en 26 février2020. Malgré cela, 6 mois après, le MSPRH n’avait encore RIEN fait. Il a fallu un nouveau forcing du syndicat, et la nomination d’un nouveau secrétaire général au MSPRH, pour que le Ministère de la santé daigne enfin bouger.
Couronnant ces longs mois d’efforts , le syndicat est informé cette fin janvier que la dérogation pour la transformation automatique des postes budgétaire avait été accordée.
Le terrain avait déjà été préparé par le SNPSSP au niveau du premier Ministère, et dans la brèche ainsi ouverte, le ministère de la santé, fort du précédent de 2015, a demandé la généralisation de la mesure aux autres corps de la santé. Tant mieux pour tous.
Donc et pour résumer :
– Les concours auront bien lieu courant 2021, avec des postes budgétaires en nombre suffisant, dans un délai qui sera fixé par l’administration (les modalités seront définies prochainement).
– dans ce processus le SNPSSP a encore une fois joué le rôle de locomotive, en militant activement et sans fanfare pour la revalorisation des praticiens spécialistes de la santé publique, avec un effet d’entraînement sur les autres corps de la santé. Ce qu’à fait valoir le syndicat avec les différents ministres de la santé précédent et encore récemment avec l’actuel ministre de la santé.
– le SNPSSP continuera à militer pour l’inscription de ces concours, non pas sous la forme d’une mesure spectaculaire tous les 5 ans, mais sous la forme d’une progression de carrière normale avec déroulement régulier de concours conformes aux règles universelles et dignes du niveau universitaire des PSSP.
– Enfin, nous déplorons amèrement que notre ministère de tutelle ne s’inscrive toujours pas dans une démarche structurée adoptant la revalorisation de ses ressources humaines comme objectif institutionnel stratégique, dans le cadre d’un plan stratégique de développement de la ressource humaine… et se comporte comme si la chose était du ressort exclusif des syndicats.
S’il fallait parler de réforme hospitalière, c’est par là qu’il faudrait commencer!